mardi 7 avril 2009

Le Quartier "Belle Epoque"

Le quartier "Belle Epoque" de Bagnoles-de-l'Orne constitue un exemple plutôt bien préservé de ce que pouvait être un lotissement résidentiel de la bourgeoisie française du début du XXe siècle. Construit entre 1886 et 1914 et situé dans la partie méridionale de la ville, il est composé de superbes villas richement ornementées.

Des projets semblables ont été développés en France à la même époque, parmi lesquels on peut citer le Vésinet près de Paris, le parc de Aurupt à Nancy et la ville d'hiver d'Arcachon. L'ampleur du projet de Bagnoles-de-l'Orne fut considérable, le quartier atteignant le nombre de 53 villas en 1907. Ce succès peut être attribué en grande partie à Albert Christophle, ancien ministre des travaux publics et gouverneur du Crédit Foncier, qui fut l'un des principaux initiateurs du projet.

La "Villa du Crédit Foncier", un des premiers bâtiments à être construit dans le quartier, fut inaugurée en grandes pompes le 14 août 1888. Avec ses 22 chambres, sa salle de billard et bibliothèque, elle était utilisée pour la retraite et les vacances des employés du Crédit Foncier de France.

Rétrospectivement, l'opulence architecturale de constructions telles que les villas "Printania" (1905), "Simone" (1903) et "Le Castel" (1900) donne une bonne idée du goût éclectique et raffiné de cette époque.Ce sont les architectes-constructeurs Léon Bénard et Alphonse Appert qui se partagent la plus grande partie du marché Bagnolais de l'époque.

Il est clair que si le modèle local semble avoir été inspiré par le courant néo-régionaliste normand tel qu'on peut le trouver dans les stations du bord de mer de "la côte fleurie" comme Deauville, Houlgate ou Trouville-sur-Mer, il existe bien un style architectural "Bagnolais" à nul autre semblable.

En 1991, l'ensemble de ce quartier a été classé zone de protection du patrimoine architectural urbain et paysager (Z.P.P.A.U.P.).

L'architecture Art déco

Après la brutale coupure provoquée par la Première Guerre mondiale, le développement de Bagnoles-de-l'Orne comme destination touristique continua. Pendant cette deuxième période de grande affluence, qui correspond à ce qui est connu en France comme les "années folles", le succès de la station devint international.

A cette époque, les stations thermales étaient rythmées par les concerts de musique classique, les courses de chevaux à l'hippodrome, les tournois de golf et les nombreuses autres activités de loisirs destinées à une clientèle sophistiquée et exigeante. La demande était telle qu'un deuxième casino fut finalement construit!

Comme il était essentiel qu'une ville thermale soit toujours à la dernière mode, les bâtiments érigés pendant cette période furent fortement influencés par le style "Art Déco", qui était très en vogue durant l'entre-deux-guerres. C'est principalement l'investissement privé qui permit la construction des édifices de ce nouveau style. Le milliardaire américain Frank jay Gould, déjà propriétaire du Grand Hôtel, s'intéressa de prêt a l'aménagement de la station et, à l'instar d'Albert Christophle durant la Belle Epoque, s'investit personnellement dans son développement.

Les exemples les plus intéressants de ce type d'architecture sont le "Casino du Lac" construit par l'architecte Auguste Bluysen et l'église Saint-Jean-Baptiste (1934-1935), qui est aujourd'hui inscrite au patrimoine français du XXe siècle. Ces 2 bâtiments réussirent le pari de s'intégrer parfaitement dans la verdure du paysage environnant tout en ajoutant une touche de décoration moderne basée sur l'utilisation de formes géométriques et de tons blancs.

Impact de la Seconde Guerre mondiale

La ville fut très sérieusement endommagée durant les événements de la Seconde Guerre mondiale.

Les hôtels ainsi que les casinos furent plus ou moins saccagés par les troupes allemandes stationnées sur place.

De plus, quelques jours après le débarquement, le jeudi 22 juin 1944 à 9h30, le quartier du "Petit Bagnoles" est rasé par un bombardement allié (40 pavillons sont détruits ainsi que l'hôtel de la Forêt et l'hôtel de la Biche).



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