L'église Saint-Paterne
Présentation
Eglise romane des XIe et XIIe siècles, dont les ogives (chapelle Saint-Joseph) attestent même un style en transition avec le gothique. Plan en croix latine inachevée: la chapelle de la Vierge n'a été rajoutée qu'en 1854 pour la symétrie. Matériaux: tuffeau blanc de la région, probablement de la carrière de la Mansonnière, très proche, et grison du pays, peut être de la carrière de Saint-Jean-de-la-Forêt ou du Heaume. La tour-clocher en pierre atteste de la richesse du pays.
Localisée sur la route royale de Paris au Mans, Angers et Nantes avant le percement de la nouvelle route de Bellême vers 1870.
Les transformations
Au XVIe siècle, les fenêtres de l'abside furent ouvertes, mais cachées en 1709 par l'installation du retable et du tabernacle baroques en pierre. Le retable baroque en bois peint (1709) à ailes à 6 colonnes, fronton cintré avec gloire, guirlandes et corbeilles de fleurs, orné de 2 statues (Saint Martin et Saint Paterne) en bois taillé et peint, le tabernacle en bois également de 1709 et ses 2 peintures (même date) symbolisant le Sacré Coeur (culte de Ste Marie Alacoque), le grand Christ en croix en bois taillé et peint XVIIe sont inscrits à l'inventaire supplémentaire des monuments historiques. On peut noter également un bel ensemble de bancs clos d'époque Louis XV.
Une nouvelle vague de transformations a lieu dans les années 1850, à une époque de renouveau religieux marqué par le culte de l'immaculée conception et les visions Notre-Dame de la Salette 1846 Bernadette Soubirous 1858).
Don des fonts baptismaux datés de 1848. Construction de la chapelle de la Vierge (1854): Fenêtres de nefs élargies en 1853, pour permettre l'installation ultérieure de 8 vitraux en 1858. Une sacristie est construite en 1853, en lieu et place d'une absidiole, dont on voit les traces à l'extérieur.
La dernière série de modifications a été effectuée dans les années 1875 (après la guerre de 1870, culte du Sacré Coeur) la Fabrique (paroisse) décide de faire procéder à la "romanisation" de l'édifice, avec l'aide de l'archiviste de la cathédrale de Sées.
Les travaux concernent (bénédiction de 1880):
.maître autel, chevet,
.la façade occidentale, percée d'un large porche, et l'entrée nord, murée.Mise en place des fonts baptismaux
.les modillons et autres sculptures sont réalisés, ainsi que le chemin de croix, cité dans cette bénédiction
.le cadran solaire
Puis (bénédiction de 1883):
.transept sud, 2 côtés de la nef (les fenêtres sont entourées de colonnes), 2 statues de pierre blanche sont disposées dans la chapelle de la Vierge.
Entre temps, de nombreuses sculptures sur bois (autel) et peintures ont été réalisées par de "nobles mains". Une copie de la Vierge à la grappe, de Pierre Mignard (original au Louvre) est installée dans la chapelle de la Vierge.
Les 3 cloches sont installées en 1896, après de nombreuses vicissitudes.
Les vitraux
Les vitraux de la nef et des chapelles datent de 1858. Ils ont été réalisés par l'atelier Ledien-Bazire, installé à Argentan de 1856 à 1915). Leurs sujets sont les saints "percherons", sujet rare en vitrail. Ils sont inscrits à l'inventaire supplémentaire des MH. Les frères Ledien, instituteurs déçus par leur métier, décident vers la quarantaine, après une formation de dessin à Paris, de créer une fabrique de vitraux à Argentan. Après une rapide formation technique dans un atelier parisien, ils produisent leur première verrière en 1856, puis divers vitraux pour des églises en Irlande. L'entreprise étend ensuite ses activités: vitraux à Autun, à nouveau en Irlande, à Pittsburgh, etc. Transfert de l'atelier à Caen. L'affaire est cédée en 1885 à M.Bazire, qui cesse la production en 1915. Autres vitraux: dans le choeur, 2 vitraux de l'atelier Bergès, de Toulouse (vers 1890). Dans le choeur, vitrail moderne représentant Saint-Paterne entouré de la cathédrale Saint-André d'Avranches et du Mont Saint-Michel (atelier Lorin à Chartres 1958).
Les cloches
Les 3 cloches actuelles ont été installées en 1896, à la place d'une cloche unique (et fêtée) de 1840. Elles font respectivement:
0.95m de diamètre, 534kg,
0.85m, 385kg
0.77m, 283kg
Elles sont issues de la fonderie Cornille-Havard (Bergamo), à Villedieu-les-Poêles (Manche), qui existe toujours. Dans le cadre de l'alliance franco-russe, l'impératrice douairière de Russie Maria Feodorovna, veuve d'Alexandre III (décédé en 1894) et mère de Nicolas II a accepté d'être la marraine de la cloche principale.Elle était née Dagmar de Schleswig-Holstein, princesse du Danemark.
Les modillons
L'entablement de l'église est une corniche saillante formée d'un tore, d'un cavet et d'un chanfrein, reposant sur des corbeaux, destinés à supporter une charge. Lorsqu'un corbeau est sculpté et soutient une corniche, il porte le nom de modillon. Les éléments les plus caractéristiques sont les 82 modillons qui ornent les différentes faces de l'édifice, et qui représentent l'histoire du christianisme, les pêchés des hommes, la rédemption, les litanies de la Vierge, et les symboles de l'église.
Les carrières de la Mansonnière
Cette carrière souterraine de tuffeau blanc existe probablement depuis l'époque romane. Des pierres taillées ont servi à construire, entre autres bâtiments, l'église de Bellou. Après la fin de l'exploitation, la carrière a servi de guinguette, buvette, bal populaire au XIXe siècle, avant d'être transformée en champignonnière (1951-1960). C'est aussi un site karstique exceptionnel, comportant plus d'1km de boyaux, taillés dans l'épaisseur de craie du Bassin parisien (cénomanien moyen). Le site a été proposé Natura 2000 pour la présence d'importantes colonies de chauves-souris: barbastelles communes, grands murins, grands rhinolophes, vespertilions à oreilles échancrées, vespertillons de Bechstein.
Manoir de Méhery
Situé sur la route de Saint-Maurice-sur-Huisne. Beau pigeonnier. Propriété privée: ne se visite pas.
Château de Viantais
Souvent cité, mais hélas disparu à la suite de vicissitudes et incendies divers aux XIXe et XXe siècles. Il se trouvait sur la route de Viantais, qui relie la route de Saint-Paterne à la route du Haut Chêne à Verrières. Quelques cartes postales sont visibles aux Archives départementales d'Alençon.