Eglise Saint-Vigor, presbytère et cimetière
L'église paroissiale
L'église de Brucourt est consacrée à Vigor de Bayeux. Sa construction, à mi-hauteur de la colline Saint-Laurent sur son versant sud, date de deux époques. A l'ouest, la partie primitive date du XIIIe siècle, elle est prolongée vers l'est d'une construction du XVIIIe siècle, surmontée d'un clocher de plan polygonal coiffé d'un dôme et terminé d'une lanterne. L'agrandissement de l'édifice a renversé l'affectation des espaces, l'entrée primitive de l'église se faisait par l'ouest, l'entrée actuelle se fait par le pignon est de la dernière construction. La partie la plus récente est occupée par la nef actuelle, la partie la plus ancienne est aujourd'hui consacrée au choeur. Il est possible encore de voir derrière l'autel les restes du portail d'entrée de style gothique et deux fenêtres, l'une de style gothique, l'autre typiquement médiévale, et sur le bas-côté sud une entrée de style roman, aujourd'hui murée. De l'intérieur, la voûte du choeur est de plâtre avec de fortes poutres équarries très grossièrement et la nef est couverte d'une voûte en larmes de bois.
Le clocher abrite 2 cloches fondues en 1788. La plus importante porte l'inscription suivante: "L'AN 1788 J'AI ETE BENITE PAR Mr JACQUES BINET CURE DE CE LIEU ET NOMME MARGUERITE PAR TRES HAUT ET PUISSANT Ser MESSIRE ETIENNE FRANCOIS TURGOT CHer MARQUES HAUT JUSTICIER DE SOUMONT SEIeur PATRON DE BRUCOURT PERIERS ET AUTRES LIEUX ET PUISSANTE DAME MARGUERITE CARON MARQUISE DE TURGOT SON EPOUSE".
Tombes des soldats anglais dans le cimetière paroissial
L'autel et le tabernacle avec ses 2 anges adorateurs ainsi que le lutrin, mobilier classé du XVIIIe siècle, proviennent de l'ancienne église de Rupierre de Saint-Pierre-du-Jonquet, proche de Troarn, dispersés lors de sa désaffectation dans l'ntre-deux guerres. Le confessionnal, lui aussi du XVIIIe siècle, provient d'une église bombardée dans le nord de la France pendant la Première Guerre mondiale. Les objets du culte, en argent, comportent tous les armes du comte Jean Rapp, général d'Empire, qui en fit don en 1807 à l'église du village où il venait fréquemment en villégiature. Les fonts baptismaux pédiculés sont en pierre brute et datent du XVe ou XVIe siècle.
Un tableau représentent "le Christ et la Samaritaine" est dû au pinceau de Giovan Francesco Barbieri Guercino dit Le Guerchin, peintre italien du XVIIe siècle. Dans l'église, il est aussi possible de voir une statue en pierre du XVe siècle représentent Sainte Geneviève et 2 statues de terre cuite, l'une que l'on suppose représenter Saint Vigor et une Vierge à l'enfant, toutes 2 du XIXe. Toutes ces oeuvres d'art sont classées au patrimoine français.
Au bas du chemin de l'église, l'ancien presbytère, bâtiment de brique, a été transformé en habitation depuis qu'il n'y a plus de curé à Brucourt et que les messes dominicales ont lieu à la chapelle du monastère. Brucourt est aujourd'hui inclus dans la paroisse Sainte-Trinité-des-Monts sous la direction du curé de Dozulé.
L'église est entourée du cimetière paroissial qui abrite les tombes de 6 militaires anglais tués le 6 juin 1944 dans la chute de leur avion sur la route de Dozulé et de 2 soeurs de l'Annonciade, dont le monastère surplombe l'église.
Manoir Saint-Laurent et monastère de l'Annonciade
Monastère de l'Annonciade
Le monastère de l'Annonciade est situé sur la colline Saint-Laurent. Il occupe un bâtiment construit, entre 1912 et 1920, par un couple de riches collectionneurs, héritier d'une famille industriel du Nord, Louis Serbat (1875-1953), et sa femme née Madeleine de Vaufreland. Après la mort de son mari, Madeleine Serbat lègue ses biens à diverses organisations, bibliothèques et musées. La maison familiale de Saint-Saulve, dans le nord, est à l'origine de la fondation Louis Serbat, une maison de retraite médicalisée, léguée en 1957 au Centre hospitalier de Valenciennes. Le château de Laàs et ses collections légués en 1964 au Touring Club de France avant d'être repris par le département des Pyrénées-Atlantiques en 1980. Mais c'est en 1951, alors que le couple se retire au château de Laàs, qu'il lègue le manoir Saint-Laurent aux Bénédictins pour qu'ils puissent y assurer une présence et un accueil apostolique. Mais comme ceux-ci ne sont présents sur la colline Saint-Laurent que pendant les mois d'été, le manoir est proposé à l'ordre de la Vierge Marie. C'est donc en 1975 que 6 soeurs de l'Annonciade viennent de leur maison-mère de Thiais pour fonder ce monastère. En 1999, une aile est construite pour abriter une chapelle permettant aux 8 moniales qui composent maintenant la communauté de pratiquer la liturgie des Heures dans de meilleures conditions. Ces moniales sont les héritières des "chères filles" de Sainte Jeanne, fille de Louis XI de France qui créa l'ordre de la Vierge Marie dit aussi ordre de l'Annonciade à Bourges en 1500.
Source de l'Etoile ou fontaine de Dives
Description de la source
La source de l'Etoile
L'eau est abondamment présente sur la commune de Brucourt du fait de la présence des marais de la Dives et l'Ancre mais les sources sont rares. En 1917, le Conseil général du Calvados décide du recensement des sources minérales du département. La commission présidée par un certain Monsieur de Longuemare en dénombre 16 dans le département dont celle de Brucourt qui était jugée "peu abondante ne débitant que 7600/ jour". Cette source est déjà connue en 1637 d'un nommé Musnar qui la déclare "possédant des bienfaits thérapeutiques".
Des analyses de la composition de cette eau sont réalisées en 1778 par Lepecq de la Clôture, médecin caennais connu pour ses travaux sur les maladies épidémiques, en 1860 par Henry Ossian, membre de l'académie de médecine, en 1884 par Gloez de l'académie des sciences. Alexandre Gustave Hérault (1780-1848), polytechnicien et inspecteur général des mines, rédige en 1844 une note sur " la source de Brucourt, appelée aussi fontaine de Dives, qui sort des argiles oxfordiennes et contient de l'acide carbonique (2.272g), des sulfates de chaux (2.415g) et de sulfate de magnésie (4.915g), des chlorures de sodium (2g) et de magnésium (0.16g), des sous-carbonates de fer (0.68g), de chaux (2.924g), de carbone de magnésie (0.48g) et de la silice (0.08g) (quantité pour 8kg d'eau)".
Publicité pour l'eau de Brucourt de 1894
La plaque apposée sur la source indique l'approbation de l'académie de médecine le 12 mai 1885 et l'autorisation (d'exploitation) de l'etat du 12 juin 1885.
Monsieur Deleau (créateur du Sirop Deleau contre la toux), ancien chef de laboratoire à l'école de médecine de Caen et pharmacien à Dives-sur-Mer déclare en 1917 que "les examens réalisés permettent d'affirmer que l'eau de Brucourt est éminemment reconstituante et tonique. Pour un usage prolongé, on a jamais à craindre d'affections congestives. Sont emploi se justifie chaque fois que l'organisme a besoin de fer. [...] En résumé, les sources ferrugineuses existent un peu partout, mais le fer et la magnésie n'ont jamais encore été jusqu'ici rencontrés que dans l'eau de Brucourt seulement. Aussi cette eau est-elle appelée à combattre l'anémie, le choléra, le lymphatisme et toutes les affections qui en découlent.
La réputation de l'eau de Brucourt est telle qu'il faut construire 2 maisons d'une centaine tenue pour héberger une clientèle nantie. On compte plusieurs membres de la famille royale parmi ces habitués comme Louis XVIII et Charles X. La souveraine d'Espagne Isabelle II vient régulièrement en cure à Brucourt entre 1850 et 1880 accompagnée de sa mère et de sa soeur.