dimanche 5 avril 2009

Bonaparte ayant rétabli les municipalités communales et donc la fonction de maire-toutefois placé sous la tutelle du préfét institué en 1800-Charles Callais fut auparavant à la tête de la commune d'Aubusson(1800-1813).La défaite de Waterloo ayant entraîné un changement de régime, son successeur Pierre Vardon du céder la place de maire au laboureur Pierre Duhazé (1815-1829). Quittant Aubusson pour Saint-Georges-des-Groseillers, celui-ci fut remplacé par un autre cultivateur, Pierre Chauvin(1829-1846) qui transmit le flambeau à un de ses amis tisserands, Pierre Gauquelin (1846-1848), tous étant bien entendu nommés par le préfet de l'Orne.

A la suite de la planification religieuse instaurée par Bonaparte, ces 5 maires d'Aubusson assumèrent les conséquences du rétablissement du culte catholique dans leur commune. Un desservant fut en effet nommé en 1802 à la cure d'Aubusson à charge pour la municipalité de réparer l'église, abandonnée pendant 8 ans, et de fournir au prêtre un logement décent. L'église Saint-Céneri d'Aubusson, en appareil de grès et de granit, avait été édifiée un bon siècle auparavant. Deux statues en bois peint représentant Saint-Céneri et Saint-Denis-elles ont été inscrites en 1972 à un registre départemental des Antiquités et Objets d'art alors que l'église figure dans l'Inventaire départemental des églises "dignes d'intérêt"-sont aussi du XVIIème siècle.

Pendant toute la première moitié du XIXème siècle, l'église fut donc l'objet de l'attention des municipalités successives. Celle de Pierre Vardon reconstitua l'ameublement et fit l'acquisition d'ornements, celle de Pierre Chauvin contraignit, au début des années 1830, le conseil de fabrique, qui avait entrepris en 1827 des travaux malvenus, à financer pratiquement la reconstruction de l'édifice. Après bien des avatars, le maire dut cependant prendre la direction des opérations de réhabilitation de l'église en 1838, faisant appel aux paroissiens en guise de main-d'oeuvre.

Sur les conseils et plans de l'ingénieur Voyer de Domfront, la nef fut consolidée et 2 chapelles latérales furent rajoutées donnant ainsi à l'édifice la forme d'une croix latine. La fabrique ayant épuisé ses fonds, une subvention de l'Etat, une participation de la commune, des dons des fidèles permirent, en 1842, avec le pavage du choeur, de la nef et des chapelles, et la rénovation du maître-autel, l'achèvement des travaux. Une seconde cloche-la première datant de 1818-fut enfin installée dans le petit clocher situé au-dessus du porche, sous la municipalité Gauquelin, soit en 1847.

Quant au logement du desservant, la commune dut, dans un premier temps, le louer car le presbytère avait été mis en vente en 1796 comme bien national. Mais, en 1822, la commune le racheta à son propriétaire d'alors, le maire Pierre Duhazé avançant sur ses fonds propres la somme nécessaire à charge pour la communauté aubussonnaise de le rembourser en 8 annuités. Le bâtiment n'était cependant pas en bon état et, dès 1824, d'urgentes réparations furent engagées, financées à la fois par la commune et par les paroissiens. En 1835, après une tempête ayant détruit une partie de la toîture, la municipalité Chauvin fit couvrir le presbytère en ardoises, ce matériau étant jugé plus durable et moins dangereux que la paille jusque-là utilisée. Pendant quelques années, le desservant d'Aubusson logea donc dans la plus belle maison de la commune.

Autre réalisation municipale importante faite sous la Monarchie de Juillet, la première école fut construite dans le bourg d'Aubusson, entre le presbytère et la voie conduisant au Pont de Vère, de 1836 à 1839. Prévue pour accueillir 56 élèves des 2 sexes, loger l'instituteur et abriter la mairie, elle fut mise en péril par de violentes tempêtes dès janvier 1840 et mars 1842. Alors que la classe ne possédait ni poêle pour chauffer en hiver, ni lieux d'aisance-ils ne fut pallié à ces lacunes qu'en 1845-le bâtiment fut, comme le presbytère voisin, endommagé par la fureur des vents. Cette école fut par ailleurs vite saturée, une centaine d'enfants d'Aubusson et des environs immédiats étant en effet d'âge scolaire. Dès 1843, fut en conséquence prise la décision de scolariser les garçons le matin et les filles l'après-midi.

Dans un autre domaine, Bonaparte avait décrété le recours aux corvées pour doter le pays de voies de communication permettant d'assurer les déplacements des hommes et des marchandises et d'éviter ainsi, comme au temps de la chouannerie, les possibilités de guérilla. Durant les années 1800 et 1810, les Aubussonnais furent donc contraints de participer à l'ouverture de la route Tinchebray-Condé-sur-Noireau qui ne leur était d'aucune utilité, d'où des récriminations de leur part. Lors de la suppression du canton de La Carneille, en 1801, Aubusson avait été de fait bizarrement rattachée au canton de Tinchebray alors que Flers et ses autres voisines, Ronfeugerai mise à part, dépendaient de Saint-Gervais-de-Messei. Cela expliquait donc l'obligation de concourir au désenclavement de Tinchebray, chef-lieu où les Aubussonnais devaient se rendre pour les affaires relevant de la justice de paix et l'enregistrement.

Les édiles d'Aubusson réclamèrent avec insistance pendant un quart de siècle, d'abord leur rattachement au canton d'Athis puis leur insertion dans un nouveau canton de Flers. Satisfaction leur fut donnée en 1826 lorsque Flers, La Lande-Patry, Saint-Georges-des-Groseillers, La Selle-la-Forge, La Chapelle-au-Moine, La Chapelle-Biche (canton de Messei), Landigou, Montilly-sur-Noireau (canton d'Athis), La Bazoque, Caligny, Cerisy-Belle-Etoile, Landisacq et donc Aubusson furent unies au sein d'un nouveau canton. Jusqu'au milieu des années 1820, les édiles d'Aubusson demandèrent donc à ce que leurs prestations aillent prioritairement à la voie Flers-Athis. Puis la route royale n°162 étant construite entre Condé-sur-Noireau et Flers, ils firent du chemin vicinal n°2, joignant le bourg d'Aubusson au Pont de Vère, l'axe vital de la commune. Mais chaque année, faute d'un véritable encaissement, il fallut réparer encore ce chemin dont le tracé fut en partie modifié, en 1847, pour passer par le Hamel du Bois.

Une progressive insertion à l'espace régional au cours du troisième quart du XIXème siècle

De la fin des années 1840 au milieu des années 1870, la population aubussonnaise continua d'excéder le demi-millier d'habitants. Pourtant, les naissances devinrent inférieures en nombre aux décès à partir des années 1860. Du fait de la disette du coton qui résulta, de 1862 à 1865, de la guerre de Sécession aux Etats-Unis d'Amérique, l'exode vers le pôle urbain flérien fut toutefois, au même moment, freiné et le solde apparent des entrées-sorties fut donc moins négatif que lors des années 1830 et 1840. La "fièvre constructrice", commencée sous la Monarchie de Juillet, se poursuivit en conséquence à Aubusson sous le Second Empire et de belles maisons aux encadrements en granit et au remplissage des murs en cornéennes furent dressées cà et là sur le sol aubussonnais.

Durant cette période où la fabrique dispersée connut un second essor lors d'une décennie de prospérité retrouvée(1852-1861) et où l'activité agricole, toujours fondée sur une céréaliculture dominante, améliora ses productions, 3 marchands-fabricants furent appelés, par les édiles (en 1848, 1870 et 1871) ou par le préfet, à la tête de la commune: Louis Vardon, de 1848 à 1858, Jean Lecornu, de 1858 à 1870, Victor Gauquelin, en 1871. L'action du premier d'entre eux fut contrariée par les nombreuses dissensions qui opposèrent le desservant à plusieurs instituteurs. Sa municipalité fut surtout confrontée au très mauvais état de l'école et dut entreprendre, en 1852, des travaux d'urgence. Sept années plus tard, l'école, devenue dangereuse, dut être abandonnée et l'administration de l'Inspection académique retira même l'instituteur en 1860.

Jean Lecornu prit donc l'initiative, tout en louant un local provisoire pour que les cours soient à nouveau assurés à Aubusson, de faire construire une nouvelle école. A l'image de Pierre Duhazé en 1822, le dixième maire d'Aubusson avança sur ses deniers la conséquence somme nécessaire à la construction, avec comme matériaux le granite et les tuiles, d'une solide école. La commune mit 2 décennies pour rembourser la dette auprès du maire, puis de sa veuve et enfin d'une nièce.

En 1867, Aubusson pouvait s'enorgueillir-et être enviée par nombre de communes proches-de disposer d'une belle école comprenant une classe pour les garçons, une classe pour les filles, un logement de fonction et la mairie. Un couple d'instituteurs fut donc nommé à la rentrée de 1867, mais en 1872, la municipalité Gauquelin exigea une institutrice congréganiste pour les filles. Il fallut alors partager le logement de fonction et construire un second escalier partant de la classe des filles pour permettre à la religieuse de la communauté de Briouze d'accéder au petit appartement qui lui était ainsi attribué. Cette situation, qui dura jusqu'en 1902, engendra des problèmes de cohabitation entre la religieuse et quelques-uns des nombreux instituteurs laïcs qui se succédèrent à l'école des garçons.

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